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LES FRANCS TIREURS

soutenu par Quoniam qui pendant l’action ne l’avait pas quitté d’un pouce, se mit en retraite vers les embarcations entraînant Carméla avec lui et suivi du capitaine et de ses braves matelots. Ceux-ci, comme des lions aux abois, se retournaient à chaque instant pour fondre haches et baïonnettes hautes sur quelques Mexicains que leurs officiers étaient enfin parvenus à réunir, mais qui cependant n’osaient se hasarder à serrer de trop près les redoutables adversaires que depuis le commencement de l’action ils avaient appris à apprécier et par conséquent à craindre.

Toujours combattant les marins atteignirent enfin les canots préparés pour les recevoir.

Le capitaine Johnson ordonna de placer les blessés dans la chaloupe, et montant dans l’autre embarcation avec Tranquille, Quoniam et les hommes valides, il parvint à quitter la côte en remorquant le canot qui servait d’ambulance.

Cette audacieuse retraite, opérée sous le feu de l’ennemi, fut exécutée avec une précision et une adresse admirables.

Une partie de l’équipage de la péniche tiraillait contre les Mexicains qui garnissaient le rivage, tandis que l’autre partie nageait vigoureusement dans la direction du brick.

Bientôt la côte disparut en se confondant avec la bruine, les cris de l’ennemi devinrent moins distincts, les coups de fusil cessèrent, les lumières que l’on voyait courir çà et là sur le rivage s’éteignirent les unes après les autres, et tout retomba dans le silence.

— Ah ! dit le capitaine avec un soupir de soula-