Bientôt le jeune homme rouvrit les yeux, et aidé par Davis, qui devina son intention, il parvint à se redresser sur son séant.
Une légère plaque rouge colorait la pommette de ses joues ; le reste de son visage conservait une pâleur terreuse et cadavérique. Il promena lentement autour de lui un regard dont l’expression un peu égarée commençait cependant déjà à briller d’un reflet d’intelligence.
— À boire ! murmura-t-il d’une voix sourde et inarticulée.
John Davis déboucha sa gourde, se pencha vers le blessé et la présenta à ses lèvres.
Celui-ci but avidement pendant deux ou trois minutes, puis il s’arrêta avec un soupir de bien-être.
— J’ai cru mourir, dit-il.
— By god ! fit John Davis, il s’en est fallu de peu.
— Le capitaine Melendez existe-t-il encore ?
— Oui.
— Où est-il ?
— Ici.
— Dans quel état ?
— Ni plus ni moins blessé que vous.
— Tant mieux.
— Faut-il le pendre ? hasarda Ruperto qui tenait à son idée.
Le Jaguar fit un brusque mouvement, ses sourcils se froncèrent, et il s’écria avec plus de force qu’on ne l’aurait supposé :
— Sur votre vie, que pas un cheveu ne tombe de sa tête ; vous me répondez de lui corps pour corps.