Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/81

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du capitaine, et commençant à se douter d’un malheur, avait expédié des éclaireurs dans différentes directions afin de lui apporter des nouvelles, et en proie à une inquiétude à laquelle chaque minute qui s’écoulait ajoutait encore, il marchait avec agitation dans sa tente, jurant et maugréant tout bas, fronçant les sourcils, et s’arrêtant par intervalles pour prêter l’oreille à ces mille bruits qui, la nuit, surgissent sans cause apparente, et passent comme emportés sur l’aile des Djinns.

Le général don José-Maria Rubio était un homme jeune encore ; il avait quarante-deux ans environ bien qu’il parût plus âgé à cause des fatigues de la vie militaire qui avaient laissé de rudes empreintes sur son visage à la physionomie martiale et ouverte ; sa taille était haute, bien prise ; ses membres musculeux et bien attachés, sa poitrine large et saillante dénotaient une grande vigueur ; ses cheveux coupés en brosse commençaient à grisonner, mais son œil noir avait un éclat fulgurant plein de jeunesse et d’intelligence.

Contrairement aux habitudes des officiers supérieurs mexicains qui en toutes circonstances font un grand étalage de broderies, et sont dorés et empanachés, qu’on nous pardonne la comparaison, comme des marchands de vulnéraire, son costume était d’une simplicité et d’une sévérité qui ajoutait encore à sa tournure militaire et lui donnait cette apparence de réflexion et de majesté qui sied si bien à un chef d’armée.

Un sabre était négligemment jeté, auprès d’une paire de pistolets d’arçon, en travers sur une carte, étendue sur une table au milieu de la tente, et vers