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LES FRANCS TIREURS



I

FRAY ANTONIO.


Tous les coureurs des bois ont remarqué, à propos des immenses forêts vierges qui couvrent encore une étendue considérable du sol du Nouveau-Monde, que pour quiconque essaye à pénétrer dans une de ces mystérieuses retraites que la main de l’homme n’a pas encore déformées et qui conservent intact le sublime cachet que leur a imprimé la Divinité, les premiers pas offrent des difficultés presque insurmontables qui vont bientôt en s’aplanissant de plus en plus, et après un peu de temps finissent par disparaître presque entièrement, comme si la nature avait voulu défendre d’une ceinture de ronces et d’épines l’ombre mystérieuse de ces bois centenaires où s’accomplissent ses plus secrets arcanes.

Maintes fois, pendant nos courses vagabondes en Amérique, nous avons été à même d’apprécier la justesse de l’observation que nous faisons en ce moment ; cette singulière disposition des forêts,