Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/91

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— Hum ! murmura le chasseur en levant les yeux au ciel d’un air profondément embarrassé, je ne demande pas mieux, Niña, mais je suis encore moins avancé qu’avant, et, sur ma parole, je ne comprends plus rien à tout ce qui te passe par l’esprit.

— Qu’importe ? si je vous aime, père ; toutes les jeunes filles sont ainsi, il ne faut pas attacher d’importance à leurs caprices.

— Bon ! bon ! cela doit être ainsi, puisque tu me le dis, fillette. C’est égal, j’ai bien souffert, enfant, tes paroles me brisaient le cœur.

Carméla l’embrassa avec effusion.

— Et le Jaguar ? demanda-t-elle.

— Tout est arrangé ; le capitaine n’a rien à redouter de lui.

— Oui, je le sais, le Jaguar est un cœur noble : s’il a donné sa parole, on peut s’y fier.

— Il me l’a donnée.

— Merci, père. Eh bien ! maintenant que tout est arrangé suivant nos désirs…

— Suivant tes désirs, interrompit le chasseur.

— Les miens ou les vôtres, père, n’est-ce donc pas la même chose ?

— C’est juste, j’ai tort, continue ?

— Eh bien ! dis-je, appelez vos amis qui rôdent sans doute aux environs, et mangeons, je meurs de faim, moi.

— Vrai ? fit-il tout-joyeux.

— Ma foi, oui ; je n’osais vous l’avouer.

— Oh ! alors ce ne sera pas long.

Le Canadien siffla ; les deux hommes qui probablement n’attendaient que ce signal parurent aussitôt.