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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/170

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que le docteur semblât préoccupé, un sourire railleur se jouait sur ses lèvres.

— Tout est fini, terminé, arrangé, dit-il en se jetant sur un fauteuil.

— Tant mieux ! dit vivement le jeune homme. Ainsi, Denisà n’a plus rien à redouter.

— Rien absolument ; je t’en donne ma parole. D’ailleurs, elle ne me quittera plus ; je veillerai de près sur elle ; tu peux être tranquille.

— Mon bon père ! dit affectueusement Julian, mais que s’est-il passé ?

— Le voici en deux mots : Hier, M. et Madame de Mendiri s’étaient rendus à la veillée chez un de leurs proches voisins ; tu sais que la veillée se fait tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre.

— Je le sais, oui, père.

— Denisà, un peu fatiguée, avait voulu garder la chambre ; elle était donc restée seule avec la vieille servante. Ce drôle, c’est de Felitz Oyandi que je parle, n’avait pas eu de peine à s’introduire dans la maison, dont la vieille servante n’avait pas osé lui refuser l’entrée ; mais la brave femme, redoutant quelque scène désagréable pour la jeune fille, avait été aussitôt prévenir ses maîtres, qui s’étaient hâtés de revenir, heureusement, comme tu vas le reconnaître.

— Oh ! je m’attends à tout de la part de ce misérable ! dit Julian en fronçant les sourcils.

— Felitz Oyandi, continua le docteur, avait débuté de la manière la plus respectueuse, se plaignant d’avoir été repoussé par la jeune fille, lui déclarant qu’il l’aimait à en perdre la tête, que son refus de l’accepter pour son fiancé le désespérait…, etc., etc., et une foule d’autres choses aussi peu raisonnables, auxquelles la jeune fille se bornait à répondre : « Retirez-vous, je suis seule, je ne puis vous écouter ; quand mon père et ma mère seront là, vous reviendrez et vous vous expliquerez avec eux. » Enfin, poussée à bout et Felitz s’obstinant à demeurer quand même, elle lui avait dit sèchement :