Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/202

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Chacun avait sa place, où il pendait son hamac et restait pendant le jour.

Au branle-bas du matin, les hamacs étaient décrochés, puis on procédait au nettoyage du faux-pont, que l’on lavait et briquait à grande eau.

Les transportés étaient naturellement chargés de ce nettoyage ; ils avaient la même nourriture que les matelots et faisaient le même nombre de repas. Ils étaient distribués par plats de sept hommes et mangeaient à la gamelle.

Le commandant de la Bellone avait choisi les meilleurs sujets d’entre les condamnés, dont il avait fait des espèces de contremaîtres, chargés de veiller au maintien du bon ordre parmi les transportés, de surveiller les distributions de vivres, et enfin tout ce qui se rapportait au service de chambrée.

Pendant deux heures le matin et trois heures le soir, les transportés montaient sur le pont pour prendre l’air et se dégourdir les jambes.

Le reste du temps, ils le passaient dans l’entrepont, où ils s’occupaient comme ils l’entendaient, soit à dormir, soit à travailler à divers ouvrages, soit à lire.

Enfin, ils tuaient le temps comme ils pouvaient, et sans qu’on les contraignît à faire une chose plutôt qu’une autre.

Quant aux forçats, ils étaient parqués tous à l’avant de la frégate, sous la surveillance de leurs gardes-chiourmes ; ils n’avaient aucune communication avec les transportés qu’ils ne voyaient même pas.

Tel était l’ordre établi à bord de la Bellone.

On avait offert à Julian le grade de brigadier.

Son premier mouvement avait été de refuser cette espèce de grâce ; mais Julian s’était ravisé presque aussitôt, non pas parce qu’un quart de vin était donné aux brigadiers à chaque repas, faveur qui n’était pas accordée aux autres transportés et dont le jeune homme se souciait très médiocrement, mais parce que, avec son nouveau grade, il lui serait permis de monter sur le pont à toute heure de jour et de nuit et de ne se coucher que lorsque cela lui plairait.