Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/212

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et signés par le commandant et l’état-major, constatant que deux transportés nommés Julian d’Hérigoyen et Bernardo Zuméta, tombés accidentellement à la mer, par le travers du cap Vert, pendant la nuit, s’étaient noyés sans qu’il fût possible de les sauver à cause de l’état de la mer et l’obscurité d’une nuit sans lune.

Cependant, les deux fugitifs dont on dressait ainsi les actes de décès étaient sauvés.

Ils étaient complètement remis de leurs rudes émotions et faisaient gaiement route vers le cap Horn, à bord du brick la Leona.

Au lever du soleil, les deux ressuscités s’élancèrent sur le pont et interrogèrent avidement l’espace.

La mer était libre de toute voile, d’un point de l’horizon à l’autre.

Julian poussa un soupir de joie, presque de bonheur.

— Libre ! je suis libre ! s’écria-t-il avec un accent impossible à traduire, je reviendrai en France un jour, et alors !…

Il n’acheva pas, sa tête tomba pensive sur sa poitrine et il s’abîma complètement dans le monde de réflexions qui tourbillonnaient dans son cerveau.

Quant à Bernardo, il jouissait avec délices de cette vie qu’il avait failli perdre, et jurait dans son cœur une reconnaissance et un dévouement de séide à cet ami, qui avait si généreusement fait le sacrifice de sa vie pour sauver la sienne.


FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE