Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/337

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Tout portait donc à supposer qu’il s’était précipité du haut de l’accore dans la rivière.

Mais les choses ne s’étaient point passées ainsi.

Le Mayor, profitant de l’obscurité, s’était brusquement aplati sur le sol.

Il avait saisi un des lassos disposés par Charbonneau pour faciliter l’escalade aux auxiliaires attendus par les voyageurs, et que l’on avait, l’escalade accomplie, négligé d’enlever, et il s’était tout simplement laissé glisser jusqu’au bord de la plage, où il était arrivé sans une égratignure.

Une fois là, le reste était facile pour un homme déterminé comme le Mayor.

Il s’était emparé alors de l’un des meilleurs chevaux abandonnés entravés par les civicos, s’était mis en selle, avait fait entrer son cheval dans la rivière et l’avait traversée intrépidement, en brandissant son long sabre avec des gestes ironiques de défi.

Les chasseurs qui s’étaient rendus en toute hâte sur la plage, non seulement ne retrouvèrent pas le cadavre du bandit, comme ils l’espéraient, mais encore ils eurent la cruelle mortification de reconnaître, en l’apercevant au milieu de la rivière, que leur ennemi leur échappait, après leur avoir volé un de leurs meilleurs chevaux.

Ils tirèrent plusieurs coups de fusil contre le fugitif.

Mais celui-ci semblait invulnérable ; il ne fut pas touché, et continua à se laisser emporter par le courant, sans même tourner la tête.

Les pauvres gens, furieux de leur déconvenue et d’avoir été si effrontément pris pour dupes par leur ennemi, rejoignirent leurs compagnons l’oreille basse.

Les sauveurs de la comtesse de Valenfleurs étaient, pour la plus grande partie, des gardes civicos mexicains, auxquels s’étaient joints quelques chasseurs de bison, trappeurs et coureurs des bois.

Puisque, pour la seconde fois, ce nom de civicos se trouve sous notre plume, disons, en quelques mots, comment, pourquoi et en quelle circonstances a été établi