Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/423

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Mariette et Moucharaby avaient associé leurs dévouements.

Ils avaient entouré Denizà d’une espèce de muraille de la Chine.

Aucun bruit du dehors ne parvenait jusqu’à elle.

La jeune femme était non seulement dans l’ignorance la plus complète de tout ce qui se disait, mais encore elle croyait que tout allait du mieux du monde.

Mariette et Moucharaby savaient que si Denizà apprenait la vérité, elle pourrait en mourir.

Ils forgeaient à eux deux les nouvelles les plus rassurantes, et les lui débitaient avec un aplomb magnifique.

On croit toujours ce que l’on désire vivement.

La jeune femme ajoutait donc la foi la plus entière à ces fallacieux bulletins de victoire.

Sur ces entrefaites, une lettre du docteur arriva.

Lettre qui combla la jeune femme de joie.

Cette lettre, ardemment désirée, en renfermait une seconde de la comtesse.

Denizà allait partir pour le Mexique.

Son itinéraire était minutieusement tracé.

Elle s’embarquait au Havre, où elle fréterait un navire qui la conduirait à Guaymas.

De là elle se rendrait à petites journées à une hacienda nommée la Florida, où son père adoptif la rejoindrait et où l’attendrait une surprise des plus agréables.

Le lendemain la jeune femme quittait Paris et partait pour le Havre, en compagnie de Mariette, de Moucharaby et d’une femme de chambre ; laissant son appartement sous la garde du concierge et de sa femme.

Ce départ ne ressemblait pas au précédent : tout le monde était radieux.

Il n’y avait que des rires et des exclamations de joie.

Seule, Mariette pleura en se séparant de son père et de sa mère, mais ceux-ci furent les premiers à la consoler.

Ils étaient fiers de voir leur fille entreprendre un si long voyage.