Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/56

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— Oui, je le veux ! oui, je le veux ! grommela-t-il ; frappe donc, failli merle, frappe si tu l’oses.

Julian éclata de rire, leva son bâton et, trompant celui de son adversaire, il lui porta un coup terrible sur l’oreille, puis, bondissant en arrière, il se mit hors de portée.

Felitz poussa un hurlement de fureur.

— Voilà ! dit railleusement le jeune homme. À ton tour, Felitz !

Celui-ci s’élança.

Le combat recommença alors, mais plus terrible, plus acharné que la première fois ; Julian ne ménageait plus ses coups ; il frappait fort et ferme ; chaque coup laissait une marque livide et sanguinolente ; Felitz avait une horrible plaie au crâne ; Julian s’acharnait après lui, le frappant sans répit de tous les côtés à la fois ; sans que le misérable réussit, non pas à rendre un seul des coups qu’il recevait, mais seulement à les parer ; il était dans un état effroyable ; enfin, il poussa un long cri de désespoir, ouvrit les bras, chancela et tomba comme une masse sur le sol, où il resta immobile.

— Il est mort ! s’écrièrent les témoins, apitoyés malgré eux par les souffrances affreuses de ce malheureux.

— Non, il n’est pas mort, dit froidement Julian ; mais s’il s’obstine à faire une troisième prise, cette fois je serai sans pitié, je le tuerai.

— Comment, mon Julian, tu as donc eu, jusqu’à présent, pitié de lui ? demanda naïvement Bernardo.

— Oui, mon ami, je l’ai épargné ; je n’ai voulu que lui donner une leçon.

— Oh ! oh ! comme tu dis cela, mon Julian !

— Je te dis la vérité, rien ne m’était plus facile que de le tuer du premier coup que je lui ai porté ; mais, je te le répète, j’ai eu pitié de lui et je n’ai voulu que lui donner une leçon.

— Caraï ! dans tous les cas, elle sera rude et il s’en souviendra.

— Je l’espère, dit le jeune homme ; mais je sens que ma colère commence à être plus forte que ma volonté,