Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/69

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— La voici, madame, dit-il ; c’est un fanal de marine.

— En effet, ce doit être cela.

Le docteur alluma le fanal et le présenta à la marquise.

— Avez-vous encore besoin de moi, madame lui demanda-t-il. Est-il nécessaire que je vous accompagne plus loin ?

— Non, docteur, je vous remercie. Je remonterai seule. Nous ne pouvons laisser cette issue longtemps ouverte.

— Alors, madame, prenez, je vous prie, ce flacon, au cas où vous auriez une défaillance.

— Je vous remercie, docteur, dit-elle en l’acceptant, je vous le rendrai demain. Je désire vous voir, je serai malade, je vous ferai demander par un de mes domestiques. J’ai beaucoup à causer avec vous.

— Je me tiendrai à votre disposition, madame, prêt à vous servir en tout ce qui me sera possible.

— Merci, mon bon docteur. Peut-être mettrai-je votre dévouement à l’épreuve ; maintenant, adieu et à demain.

Elle lui tendit la main, que le docteur porta à ses lèvres, et ils se séparèrent ; la masse de rochers reprit sa place et la marquise demeura seule dans le souterrain.

Il fallut près d’une demi-heure à la jeune femme pour regagner sa chambre ; plusieurs fois, elle eut recours au flacon que lui avait remis le docteur.

À deux ou trois reprises, elle sentit ses forces l’abandonner, et elle faillit s’évanouir.

Elle éteignit le fanal, le laissa sur l’escalier, puis elle referma l’issue secrète, et se laissa tomber sur son fauteuil, où, pendant quelques minutes, elle demeura presque anéantie.

La lampe allumée dans sa chambre brûlait toujours ; personne n’était entré chez elle depuis son enlèvement.

Son mari était donc bien réellement parti ; d’ailleurs, rien n’avait été touché ou dérangé ; probablement le marquis, pressé par l’heure, n’avait pas eu le temps de