Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/110

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Elles lui échappaient, bien qu’il n’eût aucun doute sur leur existence.

Mais, avec la persistance et l’entêtement des joueurs de profession, que rien ne décourage jamais, il s’obstinait quand même dans cette lutte inégale, espérant toujours un retour de fortune impossible, qui lui donnerait le dernier mot dans cette partie formidable engagée contre ses ennemis redoutables.

Aussi, ne pouvant les vaincre, et sentant intérieurement leur puissance et l’avantage indiscutable qu’ils avaient sur lui, il leur avait voué une haine implacable.

Chaque défaite l’accentuait davantage.

Blessé, meurtri, réduit presque aux abois, au lieu de reconnaître la folie de cette lutte, il n’hésitait pas à la recommencer bravement et à se jeter le premier dans la mêlée.

C’était un duel à mort, sans trêve ni merci.

Il se trouvait ainsi pris fatalement entre les cornes de ce dilemme terrible :

Ou il aurait, par n’importe quels moyens, raison de ses ennemis, les renverserait et les foulerait pantelants sous ses pieds, ou son cadavre mutilé, abandonné dans la savane, deviendrait la proie des fauves ou servirait de pâture aux vautours et aux urubus.

Il n’y avait pas d’autre alternative pour lui : leur mort ou la sienne !

Il ne se faisait donc aucune illusion.

Il se préparait à jouer une partie suprême et décisive.

Mais il s’y préparait froidement, avec cette duplicité féline qui était en lui ; ne négligeant aucun détail, si indifférent qu’il fût en apparence ; mûrissant lentement et patiemment ses projets, et prenant des dispositions véritablement formidables, afin de mettre si bien cette fois la force et la ruse de son côté, que ses ennemis fussent irrémissiblement perdus sans espoir possible de revanche.

Il semblait se multiplier, tant il déployait d’activité ; et,