Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/118

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rancheria en cas d’attaque pour mettre ses richesses à l’abri d’un coup de main.

— Hum ! voilà qui est bon à savoir.

— N’est-ce pas ? Du reste, je n’ai pas perdu mon temps là-bas : j’ai réussi à lever un plan exact de l’hacienda et de la rancheria.

— Sacrebleu ! vous avez fait cela ?

— Mais oui, répondit simplement Navaja.

— C’est un coup de maître ! Vous avez ce plan ?

— Pardieu ! le voici.

Et, fouillant dans la poche de son dolman, il y prit un vieux et graisseux portefeuille qu’il ouvrit, et duquel il retira une grande feuille de papier pliée en quatre, qu’il présenta toute dépliée au Mayor.

Celui-ci s’en saisit avec un vif mouvement de joie.

Il posa cette feuille de papier sur la table en repoussant brusquement les plats, les verres, les assiettes et les bouteilles qui auraient pu le gêner, et dont une partie se brisa avec fracas sur le sol, et il se mit à examiner attentivement ce plan, en suivant les indications et les explications que Navaja lui donnait avec l’apparence de la plus entière bonne foi.

— Cordieu ! s’écria le Mayor en frappant avec joie sur le plan étendu devant lui ; maintenant, je suis certain de réussir, et c’est à vous que je le devrai, mon cher Navaja. Vous êtes un habile et précieux ami.

— J’espère, Mayor, que ce n’est pas de ce soir seulement que vous vous en apercevez.

— Non, non, il y a longtemps que je vous connais, mon ami, et que je sais ce que vous valez.

— À la bonne heure ! vous me rendez justice, Mayor, je vous en remercie.

— Est-ce que vous avez communiqué ce plan à Calaveras ? demanda-t-il avec une nuance d’inquiétude.

— Je m’en serais bien gardé ; non, Mayor, je ne lui en ai pas soufflé mot ; d’ailleurs, ceci est une chose qui vous regarde seul.