Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

me retirer, lorsque, un peu avant minuit, une petite troupe, composée de six à huit hommes, et commandée par un chasseur canadien nommé Charbonneau, pénétra dans la clairière.

— Je connais ce Charbonneau, j’ai un compte à régler avec lui.

— Sebastian, bientôt garrotté et attache sur un cheval, se trouvait au milieu des chasseurs ; le Canadien causa pendant assez longtemps à part avec quelques-uns des coureurs des bois, puis tous se réunirent, et il fut convenu que le pauvre diable serait jugeé mais, comme il mourait à peu près de faim, on lui donna à manger et surtout à boire.

— Ah ! il but ? fit le Mayor en fronçant le sourcil.

— Considérablement, oui ; mais aussitôt qu’il fut rassasié, alors tout changea. Sebastian déclara qu’il avait mérité la mort, mais qu’il ne voulait pas la recevoir avant que d’avoir confessé tous ses crimes ; il fit plus : il exigea que sa confession fût écrite et procès-verbal dressé et signé par tous les assistants.

— Oh ! cela n’est pas possible ?

— Je vous affirme que cela est ainsi.

— Oh ! le démon, s’écria le Mayor en frappant sur la table de telle sorte que verres et bouteilles se choquèrent les uns contre les autres.

— Alors, ce qu’il dit, je ne vous le répéterai pas ; d’ailleurs, j’entendais mal ; qu’il vous suffise de savoir que, sous prétexte de confesser ses crimes, il a raconté votre histoire dans tous ses détails, sans oublier de révéler votre nom véritable. Les coureurs des bois frissonnaient en écoutant ce misérable. Bref, les choses furent poussées si loin, il allait laisser échapper de si horribles aveux, car tout en parlant il continuait à boire, et la haine l’enivrait encore plus que ce qu’il buvait à plein verre, que, n’y pouvant tenir davantage et ne sachant comment imposer silence à cet énergumène, au risque de tout ce qui pourrait m’arriver, mais oubliant tout pour ne songer