Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/126

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les Peaux-Rouges se mettraient-ils avec eux. Nous ne sommes pas en odeur de sainteté dans les savanes et les prairies de l’Ouest ; si ces démons se liguaient contre nous, nous aurions fort à faire, et peut-être y laisserions-nous notre peau sans aucun bénéfice pour nous.

— C’est juste. Vous avez parlé en homme sage et en véritable ami, Navaja. Je vous remercie, et je suivrai votre conseil. Plus tard, quand je trouverai ma belle, je me vengerai d’eux ; quant à présent, je dissimulerai. Terminons d’abord notre expédition contre l’hacienda, après nous verrons.

— À propos de cette expédition, ne pensez-vous pas que plus tôt nous la tenterons, plus nous aurons de chance de réussite.

— C’est aussi mon opinion ; les choses qui traînent ne réussissent jamais. Je n’attends pour tenter mon coup de main que l’arrivée des renforts promis par Calaveras.

— Il sera ici au lever du soleil.

— Combien d’hommes amène-t-il ?

— Deux cents hommes au moins.

— Deux cents hommes ! s’écria le Mayor avec joie.

— Oui, plutôt plus que moins ; mais entre nous, ils ne me semblent pas valoir grand’chose, ainsi que lui-même me l’a dit. Calaveras a fait flèche de tous bois ; je crois que vous ferez bien de ne pas trop compter sur eux.

— Bah ! ils feront nombre ; et, bien encadrés dans mes aventuriers, je suis certain qu’ils se battront courageusement.

— Dieu le veuille ! quant à moi, je n’y compte guère. Vous parlez en soldat, Mayor, et vous oubliez que ces hommes sont des voleurs, poltrons et ivrognes pour la plupart ; vous n’en ferez rien.

— Je ne les ai pas vus encore ; je ne puis donc émettre une opinion sur eux ; demain quand ils seront arrivés, nous verrons ce que je dois en penser. À propos, où en sommes-nous de la lune ?

— C’est demain le dernier quartier.