Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/180

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salué par les vivats et les cris joyeux des peones, groupés en grand nombre dans la cour d’honneur.

En sortant de la chapelle, Julian d’Hérigoyen, comme c’était maintenant son droit, avait passé le bras de sa chère Denizà sous le sien.

Mais, arrivé presque au pied du perron, au moment où la jeune femme écoutait, ravie, les charmants compliments qu’il lui glissait à l’oreille d’une voix émue, le nouveau marié s’arrêta subitement, et quittant brusquement le bras de Denizà, qu’il pria le général de prendre à sa place, il fit un signe muet à Bernardo, et tous deux s’élançant en même temps à travers la foule, disparurent presque instantanément.

La jeune femme, saisie par cette péripétie étrange et inattendue, et ne comprenant rien à l’action bizarre de son mari, se sentait le cœur serré par une indicible inquiétude.

Cependant, faisant un effort sur elle-même, elle réussit à rester calme et souriante, bien qu’un pressentiment secret l’avertît qu’un danger terrible menaçait l’homme qu’elle aimait.

Après avoir gravi lentement les marches du perron, arrivée au seuil de la porte d’entrée, elle s’arrêta frémissante et machinalement elle tourna la tête.

Il lui sembla alors remarquer un certain désordre dans le fond de la cour, sans pouvoir cependant apercevoir rien de distinct.

C’était, lui paraissait-il, au milieu de la foule oscillante, des gens se poussant et semblant se quereller.

Mais ce désordre, s’il existait réellement, n’eut que la durée d’un éclair.

Et, presque aussitôt, la jeune femme aperçut Julian et Bernardo revenant à grands pas vers l’habitation, tout en causant avec une certaine animation de l’air le plus satisfait.

Denizà respira.

Elle sourit et reprit instantanément toute sa tranquillité.

— Pourquoi m’as-tu quittée si brusquement ? deman-