Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/185

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nier parut conduit par le mayordomo et quelques chasseurs canadiens.

Il portait les haillons sordides et indescriptibles d’un lepero, mais il marchait la tête haute et les lèvres crispées par un sourire ironique.

— Felitz Oyandi ! s’écria le sous-intendant militaire avec une vive surprise.

— Eh quoi ? fit le général ; ce misérable n’est donc pas mort ?

— Vous voyez, général, reprit Julian, car c’est bien lui.

— Je le reconnais, dit vivement le docteur ; cet homme ne s’est introduit ici que pour commettre de nouveaux crimes.

— Me voler et m’assassiner, comme plusieurs fois déjà il a tenté de le faire avec l’aide de son digne complice le Mayor, s’écria l’haciendero avec un frémissement d’horreur.

— Je réclame la remise immédiate de ce scélérat aux mains de la justice militaire française, dit le sous-intendant avec énergie.

— Voilà le cadeau que je proposais de vous faire, général, reprit Julian en souriant, l’acceptez-vous ?

— Pardieu ! répondit le général sur le même ton, vous êtes un charmant compagnon, monsieur d’Hérigoyen ; je vous remercie sincèrement. Le drôle est en bonnes mains ; je ne le laisserai pas échapper, soyez tranquille.

Capitaine Lhéritier, veuillez, je vous prie, veiller vous-même à ce que ce drôle soit surveillé de près ; nous le conduirons à Urès avec nous.

— À vos ordres, mon général, répondit le capitaine, et, s’adressant au prisonnier : Allons marchez, misérable, votre compte est bon, lui dit-il.

— Bah ! fit Felitz Oyandi avec son éternel ricanement et en riant sans cérémonie au nez des assistants ; je ne suis pas encore mort… À bientôt, mes bons amis, nous nous reverrons ; ce n’est que partie remise ; vous ne perdrez rien pour attendre.