Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On remarqua que le digne capitaine, qui était arrivé à l’hacienda avec ses marins, ne portant qu’une maigre valise contenant quelques vêtements de rechange seulement et attachée derrière sa selle, était reparti emmenant avec lui plusieurs mules pesamment chargées et une nombreuse escorte de vaqueros bien armés.

Mais les habitants de l’hacienda, fort peu curieux de leur nature, ne firent aucun commentaire à ce sujet.

D’ailleurs, ce n’était pas leur affaire, mais celle de leur maître, qui probablement avait profité du départ du brave capitaine pour expédier une conducta de marchandises précieuses à Urès, ainsi qu’il le faisait en temps ordinaire tous les deux ou trois mois.

Julian, ses visites terminées, revint à l’hacienda.

Sur les instances de don Cristoval, il consentit à séjourner à la Florida encore pendant quinze jours ou trois semaines.

Du reste, ce laps de temps était presque nécessaire pour terminer les préparatifs du long voyage qu’il allait faire.

Julian et son ami étaient loin d’être riches.

Ils possédaient ou croyaient posséder à peine entre eux deux une centaine de mille piastres, placées à Hermosillo, dans la maison Scrub and C°.

Cela leur faisait environ une douzaine de mille livres de rente à chacun d’eux, fortune assez modeste, mais que Julian, pour sa part, pouvait plus que doubler, grâce à la fortune de son père.

D’ailleurs, il était jeune, instruit, courageux, il travaillerait.

Pour rendre sa chère Denizà heureuse, il se sentait capable de faire des miracles et même de soulever le monde.

Doña Luisa, avec cette grâce que possèdent si bien les femmes et qui les empêche d’essuyer un refus, offrit à Denizà et à la comtesse de Valenfleurs, à chacune une rivière en diamants, les bracelets et les pendants d’oreilles pareilles, le tout d’un prix fou, et à titre de souvenir.