Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/243

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Julian ne comprenait rien à la conduite singulière de son ami ; mais sa surprise fut au comble lorsque les deux cavaliers s’étant rejoints, il les vit, après quelques paroles brèves échangées entre eux, revenir ensemble vers la plage.

Alors on reconnut que ce cavalier mystérieux n’était autre que Tahera.

Le guerrier comanche, après avoir quitté son ami, s’était trouvé en proie à une si profonde tristesse, tant était grande l’affection qu’il lui portait, sans s’en douter peut-être lui-même, que, ne pouvant supporter cette séparation, il avait tout oublié pour ne se souvenir que de son ami ; et quittant ses deux compagnons, il était revenu à toute bride.

— C’est moi ! avait-il dit à Bernardo.

— Je savais que tu reviendrais ; quand tu es apparu, je t’ai deviné, répondit vivement Bernardo, et je me suis élancé à ta rencontre : nous ne nous quitterons plus.

— Merci, répondit laconiquement le guerrier Comanche.

Et ce fut tout. Les deux hommes s’étaient compris.

Le retour de Tahera causa une joie générale.

Tout le monde l’aimait et l’estimait.

Julian fut surtout charmé de le revoir.

Les Comanches sont ainsi : ils comprennent le dévouement jusqu’aux dernières limites ; ce sont des organisations généreuses et d’une seule pièce, ils poussent leurs sentiments bons ou mauvais jusqu’à l’extrême, comme toutes les natures primitives.

Tahera s’était donc embarqué avec les autres voyageurs.

Bernardo l’avait logé près de lui et veillait attentivement à ce que rien ne lui manquât.

Enfin la Belle-Adèle laissa tomber son ancre devant la Nouvelle-Orléans, où l’on resta huit jours.

La comtesse de Valenfleurs débarqua avec sa suite, en promettant à ses amis de les rejoindre bientôt à Paris.