Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/246

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— Tu vas en juger, ma chérie ; sur ma foi ! c’est étrange.

Et, traduisant la lettre en français, il la lut à haute voix.

Voici ce qu’elle contenait :

« Mon cher Cœur-Sombre, laissez-moi, mon ami, vous donner encore ce nom sous lequel je vous ai d’abord connu ; je ne compte plus les fois que vous avez sauvé moi et ma famille ; ne vous fâchez pas, ne froncez pas le sourcil, je ne vous en parlerai plus. Vous avez épousé une femme charmante que nous aimons tous, la seule capable de vous rendre aussi heureux que vous le méritez. Vous n’êtes pas bien riche, doña Denizà est très pauvre. En France, à Paris surtout, d’après ce que j’ai entendu dire par nombre de personnes et par vous-même, mon ami, il faut être très riche si l’on veut être heureux ; à vous, je ne vous offre rien ; vous me refuseriez net ; mais je me suis mis en tête de doter votre chère et aimée doña Denizà.

» À cela vous ne pouvez vous opposer, ce serait commettre une mauvaise action, et vous en êtes incapable. Je partage avec votre charmante femme, oh ! pour une bien petite part ! le trésor que je possède et que j’ai hérite de mes ancêtres les Incas du Mexique.

» Je vous jure sur l’honneur, mon ami, que cette dot que, avec votre délicatesse si ombrageuse, vous jugerez peut-être considérable, n’est absolument rien pour moi, dont la fortune est immense et presque incalculable.

» D’ailleurs, à quoi serait bonne la fortune si l’on ne s’en servait pas de temps en temps pour faire le bonheur de ses amis les plus chers ?

» Le tout est en lingots emballés soigneusement dans des caisses.

» Le capitaine don Eduardo Petit, avec lequel je me suis entendu, vous remettra ces quelques caisses dans lesquelles la dot de votre chère doña Denizà est renfer-