Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/249

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— C’est une fortune ! s’écria Julian ébloui, bien qu’il ignorât encore la valeur exacte de ce splendide cadeau.

Quant aux caisses, il fallait attendre pour vérifier leur contenu ; elles étaient enfouies à fond de cale.

Quelques jours s’écoulèrent ; le vent était devenu contraire ; il fallut louvoyer pendant assez longtemps au plus près du vent, à la sortie du golfe du Mexique ; cependant, peu à peu, la brise adonna, elle devint presque favorable, et l’on mit le cap en route.

Bientôt on se trouva presque dans les eaux de l’île de Cuba, dans la mer des Antilles, un peu au vent de la petite île du Caïman.

Pendant toute la journée, le capitaine Petit avait semblé préoccupé.

Armé d’une excellente longue-vue, il était plusieurs fois monté dans la mâture pour mieux explorer l’horizon ; puis il était redescendu l’air soucieux et les sourcils froncés.

Après le coucher du soleil, au lieu de diminuer de toile, ainsi que cela se fait généralement pour la nuit, le capitaine fit au contraire augmenter la voilure, et il vira de bord vent devant.

Julian avait attentivement suivi tous les mouvements du capitaine dont il avait remarqué la préoccupation.

Lorsque fut termine le virement de bord, que le capitaine avait voulu commander lui-même, et qu’il n’y eût plus qu’à mettre tout en ordre et lover les manœuvres, il s’approcha de lui, et, passant son bras sous le sien, Julian lui dit en souriant :

— Vous êtes inquiet ?

— Oui, répondit franchement le capitaine.

— Vous avez vu un navire suspect ?

— Je ne vous le cacherai pas, d’autant plus que je dois m’entendre avec vous pour ce qu’il convient de faire dans cette circonstance. Ce matin, avant midi, un grand sloop, effilé comme une dorade et ras sur l’eau comme une pirogue, est sorti de Regla et s’est mis à nos trousses.

— Vous êtes certain que c’est à nous qu’il en veut ?