Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parce qu’il pourrait leur arriver malheur. Pendant votre absence, cher don Ignacio, nous avons exécuté d’importants travaux de défense ; je conduirai moi-même ces braves gens à l’endroit où il doivent camper, afin d’éviter tout accident.

— Bon ! Mais puisqu’il en est ainsi, ne pourriez-vous pas les cacher pour quelques instants dans un endroit où l’on ne pourrait pas les voir ?

— Certes, rien n’est plus facile ; mais pourquoi pas les conduire tout de suite à leur campement ?

— Non, il faut qu’ils attendent un peu, car nous n’aurions pas le temps nécessaire.

— Bon, pourquoi cela, señor ?

— Je ne puis vous le dire, Cœur-Sombre, mais bientôt vous le saurez, et vous reconnaîtrez que j’ai raison.

— Soit, je n’insiste pas, señor. Que ces braves gens me suivent ; à dix pas d’ici se trouve une clairière où ils pourront se reposer tout à leur aise, sans risquer d’être aperçus.

— Très bien. Allez donc les conduire à ce campement provisoire, je vous attends ici.

Sur l’ordre de Julian, les vaqueros se rangèrent en file indienne, et ils le suivirent.

Le chasseur, après s’être fait reconnaître par les sentinelles et une ronde de nuit qu’il croisa sur son passage, établit ces braves gens dans la clairière.

Puis, après leur avoir recommandé de ne pas s’éloigner jusqu’à son retour, Julian, assez intrigué par les paroles ambiguës du mayordomo, se hâta de le rejoindre.

Ño Ignacio avait allumé une cigarette et il se promenait de long en large devant la porte restée entre-bâillée.

— Ah ! ah ! vous voici déjà ? dit-il dès qu’il aperçut le chasseur.

— Oui ; nos hommes sont en lieu sûr. Maintenant, me voici tout à vous.

— Oh ! excusez-moi de vous avoir paru si mystérieux, mais l’affaire dont il s’agit vous intéresse beaucoup plus