Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/344

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— Vous connaissez-vous quelque ennemi ? demanda Julian au comte.

— En France ! aucun ; j’entre à peine dans la vie, je ne fréquente qu’un cercle très restreint de connaissances ; comment pourrais-je avoir des ennemis ?

— C’est juste, répondit Julian, et, pourtant, vous avez, au premier coup d’œil, reconnu cet homme pour votre ennemi.

— Oui, et je vous avouerai, cher monsieur Julian, au risque de vous faire sourire, que lorsque l’interpellation du cavalier étranger a frappé mon oreille, j’ai reconnu le nom que je cherchais à retrouver dans ma mémoire, et que la certitude que cet homme était bien réellement le Mayor est aussitôt entrée comme un coin dans mon esprit.

— Mon cher Armand, reprit affectueusement Julian, je vous félicite : malgré votre jeunesse, vous vous êtes conduit dans cette circonstance comme bien peu d’hommes beaucoup plus âgés que vous peut-être l’auraient fait ; la situation était très difficile, vous en êtes sorti à votre honneur.

— Monsieur, véritablement…

— Je dis la vérité, mon ami, vous avez fait preuve non-seulement de beaucoup de sagacité, mais surtout d’habileté ; vous avez montré une rare présence d’esprit. Je trouve comme vous cette affaire très grave ; je vous remercie de ne pas avoir hésité à nous la communiquer ; et, pour tout dire, je crois comme vous que cet homme est en effet le Mayor.

— Et moi, je l’affirme, dit nettement Bernard ; ce misérable veut jouer sa dernière partie. Eh bien ! soit, il nous trouvera prêts à lui faire face ; nous ne sommes pas dans le désert ici ; nous saurons l’atteindre, quoi qu’il fasse pour nous échapper : cette fois il mourra, je le jure !

— Aujourd’hui même, dit le docteur, je me réserve de faire une visite à la Préfecture de police, où j’ai quelques vieux amis qui ne me refuseront pas leur aide.