Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de temps en temps les yeux vers la pendule pour regarder l’heure, lorsque la porte s’ouvrit et Joseph parut.

— Ah ! te voilà, lui dit Julian en repoussant les papiers qu’il avait devant lui, et faisant faire une demi-conversion à son fauteuil ; eh bien ! quoi de nouveau ?

— Les ordres de monsieur sont exécutés, répondit Joseph en saluant respectueusement son maître.

— Comment, tous ?

— Oui, monsieur.

— Mais c’est un véritable miracle ! conte-moi un peu cela, voyons…

Julian tutoyait Joseph qu’il avait, ainsi que nous l’avons dit, connu enfant. Cette familiarité amicale de son maître faisait la joie de l’ancien maréchal des logis.

Nous constaterons en passant que, à l’époque où nous sommes, c’est seulement en Bretagne et dans le pays Basque, ces deux rudes contrées où la fidélité est de tradition, que l’on peut encore trouver de pareils serviteurs, mais chaque jour, malheureusement, ils deviennent plus rares.

Joseph se préparait à obéir aux ordres de son maître, lorsque celui-ci lui dit avec bonté en lui montrant une chaise :

— Assieds-toi là et fais vite, nous sommes pressés. Tu avais bien peu de temps pour terminer tant d’affaires.

— C’est vrai, mais monsieur sait qu’à Paris tout se fait quand on a l’argent à la main, et ce n’était pas cela qui me manquait, puisque monsieur m’avait ordonné de réussir à n’importe quel prix.

— C’est juste, et tu as réussi ?

— Complètement, oui, monsieur.

— Alors, tout est bien ; je suis content de toi.

— J’ai fait de mon mieux.

— Je le sais bien ; voyons donc, comment t’es-tu tiré d’affaires ?

— Monsieur sait que l’on bâtit beaucoup dans les nouveaux quartiers, ceux que l’on nomme excentriques ;