Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/359

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Le valet de chambre salua et Julian, quittant son cabinet, descendit le perron, traversa la cour d’honneur, sortit de l’hôtel par le guichet et tourna du côté de l’avenue de Wagram d’un pas assez relevé.

À peine avait-il fait une vingtaine de mètres qu’il crut remarquer qu’il était suivi.

Julian continua à marcher du même pas sans paraître s’apercevoir qu’il avait un espion à ses trousses.

C’était l’heure de la promenade ; une foule de voitures encombraient la chaussée.

Julian fit signe à un cocher de remise, celui-ci s’arrêta aussitôt.

Julian s’engagea sur la chaussée, échangea quelques mots rapides avec le cocher en lui mettant un louis dans la main, puis il monta dans la voiture dont il baissa les stores.

Mais, entré par la portière gauche, pendant que le cocher arrangeait ses rênes et s’enveloppait les jambes dans une couverture, il ouvrit la portière droite, sauta sur la chaussée, et se faufila entre les voitures.

Quand il fut à une dizaine de pas, il se retourna ; un individu d’assez mauvaise mine s’était cramponné derrière la voiture, qui s’éloignait au grand trot.

Julian ne s’était pas trompé : il avait un espion à ses trousses.

Mais cet espion filait, en ce moment, sur l’avenue de la Grande-Armée, pour ne s’arrêter qu’au rond-point de Courbevoie, où le cocher avait ordre de se rendre.

Fort satisfait d’avoir dépisté un espion et de s’être assuré ainsi que déjà le Mayor s’était mis en campagne, l’ancien coureur des bois, sachant qu’il devait maintenant redoubler de prudence, appela un autre cocher et se fit conduire au passage de l’Opéra.

Là, il descendit, traversa le passage, et reprit une troisième voiture, qu’il congédia à la barrière de Reuilly.

Lorsque la voiture se fut éloignée, Julian se dirigea à pied vers la maison qu’il avait achetée, et dans laquelle il