par un motif ou pour un autre, ont de très fortes raisons pour ne pas mettre la police dans leurs affaires ; peut-être la redoutent-ils plus que nous, car enfin nous avons une position au grand jour et bien assise, nos papiers sont parfaitement en règle : de plus nous sommes à la fois très riches et étrangers. Jusqu’à présent, on n’a pas à nous reprocher la plus légère peccadille ; au lieu que ces gens dont nous parlons ont tout à redouter. Ce sont des outlaws ; ils se cachent dans des bouges infects, afin de mieux échapper aux regards de cette police qu’ils ont mille raisons de redouter ; ils nous dénonceraient qu’on ne les croirait pas. Croyez-moi, on y regarderait à deux fois avant seulement de nous soupçonner.
— Et vous concluez ?
— Tout simplement, cher ami, que nous n’avons rien à redouter de personne, sauf peut-être quelques tentatives de chantage qui avorteront misérablement devant notre audace et notre fermeté. Grâce à Dieu, nous savons comment ces drôles doivent être menés. Que dites-vous de ce raisonnement ?
— Il est juste jusqu’à un certain point.
— Pourquoi cette réticence ?
— Parce que vous avez oublié, peut-être volontairement, nos ennemis les plus redoutables.
— Ah ! très bien, vous voulez parler de Julian d’Hérigoyen et de son ami Bernardo ?
— Tout juste ; ceux-là, il me semble, n’ont aucune raison qui les puisse engager à nous ménager et à ne pas s’adresser à la police ?
— Ils n’ont aucune raison, en effet.
— Ah ! vous voyez bien !
— Oui, mais ils ne le feront pas.
— Oh ! oh ! vous pourriez vous tromper !
— Non, j’en suis sûr, dit-il nettement.
— Pourquoi cela, s’il vous plaît ?
— Parce que ces deux hommes sont d’anciens coureurs des bois, accoutumés comme nous à la vie des savanes ; ils se considèrent comme ayant une partie engagée contre nous ;