Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/441

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laçaient, vous verrez que nous serons bientôt de bonnes amies ; car, je l’espère, je vous reverrai bientôt :

Et faisant une gentille révérence, elle s’envola légère et gaie comme un oiseau.

La comtesse s’élança vers doña Luz qui défaillait et lui fit respirer des sels.

— Merci ! oh, merci ! madame, s’écria la Mexicaine avec âme : comme elle est belle et comme elle semble vous aimer ! Maintenant je puis mourir, j’ai vu ma fille et je sais qu’elle sera heureuse !

— Je vous le promets encore, madame ; mais laissez-moi espérer que je vous reverrai souvent. Vous le voyez, Vanda vous aime déjà, son cœur vous a devinée, et, avec le temps, peut-être arriverons-nous…

— Non, interrompit la jeune femme avec tristesse, ne faisons pas de projets : l’avenir n’existe plus pour moi ; je le sens là, ajouta-t-elle en portant la main sur son cœur, que je vais mourir ! Prenez ce portefeuille, que j’ai réussi à soustraire à cet homme. Il semble y attacher un grand prix ; j’ignore ce qu’il contient, mais il le porte constamment sur lui ; peut-être vous sera-t-il utile.

La comtesse prit le portefeuille et le cacha dans sa poitrine.

— Merci et adieu, madame, parlez quelquefois à Vanda de sa malheureuse mère, qui jamais plus ne la reverra… Adieu encore, soyez heureuse : le Tout-Puissant vous protégera !

— Et vous de même, je l’espère, madame, quoi que vous en disiez ; j’espère vous revoir, et je ne veux pas vous dire adieu, ce mot si triste de la séparation éternelle, mais au revoir, le salut de la joie et de l’espérance, répondit la comtesse avec émotion.

Les deux femmes tombèrent dans les bras l’une de l’autre et se tinrent un instant embrassées.

Puis, après un dernier et navrant adieu, doña Luz baissa son voile et quitta le salon.

La comtesse la suivit du regard de l’une des fenêtres du salon qu’elle avait ouverte.