Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/78

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dero en souriant ; celui que je porte était fort bon pour recevoir des ambassadeurs indiens, mais je crois qu’il serait peu convenable dans le cas présent.

— C’est juste, faites vite ; nous vous attendons ici. Pendant votre absence, j’interrogerai ño Ignacio ; si peu qu’il sache, les quelques renseignements que j’obtiendrai de lui me seront peut-être utiles.

Tandis que l’haciendero se retirait dans son appartement pour changer de costume, Julian fit appeler le mayordomo par un peon, et il eut avec lui, à l’écart, une conversation de quelques minutes.

Au bout d’un quart d’heure environ, l’haciendero reparut.

Il était en coureur des bois.

— Suis-je bien ainsi ? demanda-t-il à Julian.

— Très bien ! répondit celui-ci en riant ; ce costume vous aidera à conserver votre incognito, à moins que, ce qui n’est pas probable, ce drôle ne vous connaisse. Allons maintenant voir ce singulier parlementaire.

Les quatre hommes entrèrent alors dans le principal corps de logis ; et après avoir traversé plusieurs pièces, ils pénétrèrent enfin dans celle où l’aventurier attendait, debout et les yeux bandés, gardé par quatre peones armés, et surveillé par le mayordomo.

Après avoir fait baisser les stores, pour empêcher que l’on ne vît du dehors ce qui allait se passer, les quatre chasseurs prirent place sur un divan, et Julian ordonna que le bandeau fût enlevé au prisonnier.

Le chasseur eut soin d’appuyer avec intention sur le dernier mot.

Cet ordre fut aussitôt exécuté.

L’aventurier était un sang-mêlé, taillé en hercule, aux traits sombres et repoussants.

Il paraissait ne pas avoir plus de trente ans, son regard était faux, son sourire cynique, et l’ensemble de sa physionomie basse et ignoble.

Lorsque le bandeau qui l’aveuglait lui eut été enlevé, son premier mouvement fut de promener un regard