Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/128

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mais comment lui annoncerai-je que vous êtes venu jusqu’ici, et que vous êtes aussitôt reparti sans même consentir à le voir ? Car je ne puis rien lui cacher.

— Vous avez raison, ami Charbonneau, il n’est pas mauvais que Julian soit instruit de la vérité ; dites-lui seulement ceci : M. Bernard, à peine arrivé à l’hôtel, est aussitôt reparti pour se rendre à la cour des Fontaines ; vous entendez bien, n’est-ce pas, à la cour des Fontaines ?

— Oui, monsieur Bernard, à la cour des Fontaines. Oh ! rapportez-vous en à moi ; vos paroles seront textuellement répétées à M. Julian. Et ensuite ?

— C’est tout, ami Charbonneau ! Julian comprendra, et il ne vous interrogera pas davantage ; peut-être même vous laissera-t-il comprendre par un geste ou par un mot sa satisfaction de voir que je ne perds pas la tête, et que, dans le désarroi où nous sommes, je n’oublie rien.

En ce moment, une voiture attelée de deux chevaux sortit des remises et vint se ranger au pied du perron.

— Allons, à bientôt ! et n’oubliez pas ma commission, ami Charbonneau, reprit vivement le coureur des bois.

— Soyez tranquille, monsieur Bernard, tout sera fait comme vous me l’avez recommandé.

Bernard lui serra la main, monta dans la voiture, et, se penchant vers Michel qui tenait la portière ouverte, il lui dit à voix contenue :

— La voiture s’arrêtera au coin de la rue Croix-des-Petits-Champs et de la rue Montesquieu, où elle m’attendra. Donnez l’ordre au cocher de façon à ce que personne n’entende, et montez sur le siège auprès de lui.

Se tournant alors vers Tahera, il ajouta ce seul mot : Viens.

Le guerrier comanche se plaça aussitôt près de lui ; Bernard referma alors la portière, et la voiture partit au grand trot.

À quelques pas de l’hôtel un homme, caché dans l’enfoncement d’une porte, s’élança vers la voiture et, d’un bond, sauta sur le marchepied de derrière.