Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/134

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s’était choisie à quelques pas de là, et de laquelle il lui était facile de ne pas les perdre de vue.

Pendant que se passait cette rapide scène dramatique dans la cour des Fontaines, Bernard, aussitôt après avoir refermé la porte ainsi que nous l’avons dit, avait prononcé à voix basse ce simple mot :

— Florida !

Une autre voix avait aussitôt répondu sur le même ton :

— Navaja et Rancheria !

— Main-de-Fer, avait répliqué Bernard.

Une lanterne sourde avait alors été démasquée, et les deux hommes s’étaient reconnus.

Sans causer davantage, ils avaient alors monté trois étages, et Bernard avait été introduit par Williams Fillmore dans le singulier appartement où déjà nous avons eu l’occasion de conduire le lecteur.

Après avoir pris des sièges et allumé des cigares, les deux hommes, confortablement installés, entamèrent la conversation.

— J’attendais votre ami, ou vous, cette nuit ; voilà pourquoi je suis resté ici, dit Williams Fillmore entre deux bouffées de fumée.

— Comment ! vous attendiez mon ami ou moi cette nuit ? dit Bernard avec surprise.

— Oui, monsieur.

— Alors, vous saviez donc !…

— Que mademoiselle Vanda a été enlevée aujourd’hui par le Mayor ? Je l’ai su une heure après l’événement.

— Mais alors vous pourrez donc me dire ?… s’écria Bernard avec un mouvement de joie.

— Rien de plus, monsieur, interrompit vivement Williams Fillmore. Malheureusement, je ne sais rien de plus que le fait brutal.

— Voilà qui est singulier, dit le Coureur des bois en fronçant les sourcils, si instruit d’un côté, si ignorant de l’autre ; permettez-moi, monsieur, de trouver cela au moins bizarre.