Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils ne comprenaient pas sans doute comment ils se trouvaient ainsi installés dans ce salon.

Cependant, ils obéirent et reprirent leur place sur le divan.

— Eh bien ! docteur, que pensez-vous, à présent, des remèdes des Peaux-Rouges ? demanda en riant Bernard au docteur Loreau.

— Je n’y comprends rien, sur mon honneur, répondit le docteur, tout en tâtant le pouls aux deux ressuscités ; ces hommes sont bien éveillés, ils ne souffrent pas ; c’est prodigieux !

Il se rapprocha et prit, avec une feinte indifférence, une des pierres posées sur la table.

Il la sentit et l’examina curieusement.

Mais comme cet examen menaçait de se perpétuer, Bernard lui prit doucement la pierre des mains et la replaça soigneusement dans la boîte avec les autres.

Puis, il referma la boîte et la fit disparaître dans sa poche, tout en disant, avec cette bonhomie railleuse qui était le côté saillant de son caractère :

— Permettez, docteur, ces pierres sont très rares à Paris, et même en Amérique : on ne les trouve que dans quelques contrées de l’Arizona et de la Sonora ; si l’une d’elles s’égarait, ce serait pour moi un grand malheur, car il me serait complètement impossible de la remplacer.

— Certes, dit le docteur Loreau en riant pour cacher son désappointement ; c’est égal, me voilà fixé sur un point que j’ignorais jusqu’à présent et que je suis très heureux d’avoir enfin appris.

— Lequel donc, docteur, s’il vous plaît ?

— C’est que la médecine des Peaux-Rouges est homœpathique, fit-il en lui riant au nez.

— Que voulez-vous, docteur, reprit Bernard, toujours railleur ; ce sont des sauvages ; ils n’ont pas, comme nous, le temps de se soigner longuement quand ils sont malades. Aussi, pour être certains de guérir promptement, ils ont recours à la médecine naturelle, celle qui opère toujours avec succès, ainsi que je vous l’ai prouvé, n’est-ce pas ?