Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/188

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vous le répète : nous avons affaire à des ennemis très habiles ; mais ils le sont trop ; cette dernière comédie est une faute grave.

— Mais les braves gens qui ont ramené cette jeune dame, et que nous allons interroger, qu’en dites-vous ?

— Ceux-là ne savent rien, et, par conséquent, ne diront rien : voilà précisément où est l’habileté. Ces pauvres gens sont, sans le savoir, les complices inconscients des individus que nous cherchons ; et, par cela même, ils sont plus dangereux pour nous.

— Pourquoi donc cela, cher monsieur ?

— Justement parce qu’ils sont de bonne foi, et, par conséquent, ne se doutent pas le moins du monde du mal qu’ils font.

— Oh ! oh ! vous allez bien loin, il me semble, cher monsieur, dit Bernard en devenant subitement pensif.

— Laissez faire au temps, monsieur ; le temps est un grand débrouilleur de mystères ; lui seul nous dira qui de vous ou de moi a raison.

Sur ces derniers mots, ils entrèrent dans la loge du suisse — loge, soit dit entre parenthèses, qui était un véritable appartement meublé avec un luxe dont plus d’un chef de bureau d’un ministère quelconque se serait parfaitement accommodé.


XVII

DANS LEQUEL ON VOIT RÉUNIE CHEZ LA MARLOUZE UNE FORT JOLIE COLLECTION DE COQUINS, APPARTENANT À L’ARMÉE ROULANTE PARISIENNE.


Nous ferons maintenant rétrograder notre récit de quelques heures, et nous conduirons le lecteur à la cour de Rome, dans le tapis-franc tenu par la Marlouze.