Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/24

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tement connaissance, et il fallut la faire transporter dans son appartement.

— Serait-elle donc coupable ? se demanda le jeune comte en la suivant du regard, tandis qu’on l’emportait. Oh ! ajouta-t-il avec douleur, non ce n’est pas possible ; cette jeune femme nous doit tant !… Une telle trahison serait horrible ! Et pourtant, qui sait ?

Sans rien ajouter de plus, il prit son chapeau, quitta la salle à manger où il avait été laissé seul, et, descendant au jardin, il se dirigea vers la porte qui faisait communiquer l’hôtel de Valenfleurs avec celui d’Hérigoyen, et, l’ouvrant par un mouvement fébrile, il passa dans l’hôtel d’Hérigoyen, en murmurant entre ses dents serrées :

— Il faut éclaircir tous ces sombres mystères.


X

COMMENT, APRÈS AVOIR FAIT UN EXCELLENT SOUPER CHEZ BRÉBANT, LE MAYOR, MONSIEUR ROMIEUX ET LEUR AMI LE VICOMTE DE CARLHIAS ÉPROUVÈRENT LE BESOIN DE FAIRE UNE PROMENADE À LA CAMPAGNE.


Aucune promenade au monde ne saurait soutenir la comparaison avec les vieux boulevards intérieurs de Paris, dont l’admirable kaléidoscope déploie ses féeries jamais les mêmes, depuis l’église de la Madeleine jusqu’à la place de la Bastille, sur un parcours ininterrompu de près de deux lieues.

Commençant à une église d’aspect grandiose, ces boulevards se terminent par l’emblème le plus imposant de la liberté conquise à jamais : la place magnifique, sur l’emplacement de laquelle s’élevait comme une menace continuelle la hideuse Bastille, cette personnification du despotisme royal, remplacée maintenant par le Génie de la Liberté.

Ces deux points placés ainsi à chaque bout de cette