Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/248

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les pas d’une dizaine d’homme, pressés, mêlés et enchevêtrés les uns dans les autres, mais pas une seule trace de bottines de femmes. Évidemment, les deux dames avaient été portées par leurs ravisseurs ; seulement, au lieu d’une voiture, il y en avait deux. Ces voitures avaient attendu assez longtemps ; il y avait une voiture de maître attelée de deux chevaux noirs très fringants, et un coupé de remise à deux places, attelé d’un seul cheval blanc.

— Hum ! voilà des renseignements bien positifs, monsieur, dit le policier.

— Bon ! ce n’est rien encore, attendez ; vous allez voir. Les voitures avaient été arrêtées presqu’à toucher les palissades en planches qui se trouvent devant la maison en question ; les chevaux avaient creusé la terre avec leurs sabots. En se frottant contre les palissades, les bossettes d’argent de leurs mors ont laissé des traces sur les planches ; le cocher et les valets de pied, il y en avait deux, étaient descendus, sans doute pour aider à l’enlèvement. Leurs traces sont visibles en avant et en arrière, pour monter et descendre ; des couvertures avaient été jetées sur le dos des chevaux. En les relevant, quelques poils noirs tombèrent sur le sol ; j’en ai recueilli quelques-uns, les voici. Et il les montra dans un papier.

— C’est prodigieux ! s’écria le docteur d’Hérigoyen.

Le policier se sentait empoigné malgré lui ; il ne dit rien.

Bernard sourit et continua tranquillement son étrange démonstration.

— Le cheval du coupé de remise était blanc, dit-il, je l’ai reconnu de la même façon ; le cocher lui avait mis une musette : j’ai retrouvé plusieurs grains d’avoine par terre. Les ravisseurs ont séparé les deux jeunes filles en sortant de la maison : Mademoiselle de Valenfleurs a été placée dans la voiture de maître, et sa demoiselle de compagnie, miss Lucy Gordon, dans la remise de place ; le bas de sa robe de mousseline s’est déchiré quand on l’a mise dans la voiture ; voici le morceau que j’ai retrouvé. À chaque portière droite des deux voitures, il y a des tra-