Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/260

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canne et en se retenant aux meubles, tout en continuant de sacrer et de gémir, une recherche exacte des différentes pièces de l’appartement, sans oublier ni les cabinets noirs, ni les placards.

Il s’était imaginé que miss Lucy Gordon était restée cachée dans l’appartement même.

Naturellement, il ne retrouva pas la jeune fille partie depuis plus de trois heures.

Mais il ramassa les revolvers qu’elle avait jetés en fuyant et la clef de la porte d’entrée tombée sur le palier.

— Sacredieu que je souffre, grommelait-il, en regagnant péniblement sa chambre à coucher ; elle me le paiera, la drôlesse ! Aie ! quelle douleur ; je mettrai le feu à l’hôtel qu’elle habite, plutôt que de ne pas me venger ! Aie ! il faut pourtant que je voie cette gueuse de blessure qui me fait souffrir comme un damné. Voyons un peu.

Il retira alors vivement sa redingote et la jeta sur un meuble, non sans d’affreuses souffrances.

Dans le mouvement qu’il fit, son portefeuille sortit de la poche du vêtement et tomba sur le tapis.

Le bandit le releva en grommelant.

Il s’aperçut avec stupéfaction que son portefeuille était presque entièrement traversé par une balle, et que celle-ci s’était arrêtée sur la couverture opposée à celle par laquelle elle avait pénétré après avoir troué la redingote.

— En voilà une chance ! s’écria-t-il avec une surprise joyeuse. Mort diable ! il était temps ! Mais si je ne suis pas blessé, qu’ai-je donc ?

Il enleva sans plus tarder son gilet et ouvrit sa chemise.

Alors il aperçut à la place même du cœur une contusion affreuse, large comme une pièce de cinq francs en argent et noire comme de l’encre.

— Sacrebleu ! reprit-il, tout en examinant curieusement la contusion, je ne suis plus étonné d’être si oppressé et de tant souffrir ! Bah ! à la grâce du diable, ce n’est rien qu’un méchant bobo, j’en reviendrai !