Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/269

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— Parle maintenant, nous sommes seuls, dit l’Américain lorsque la porte se fut refermée.

— Tant pis ! s’écria Fil-en-Quatre ; contre la force y a pas d’résistance ; j’vas tout vous dégoiser, et, foi d’Polyte, qu’est mon nom, j’en sais long ; j’vas vous en apprendre de marioles, en long et en large, soyez calme !

Et sans plus de tergiversations, il commença.

Sa confession fut longue.

Ainsi qu’il s’en était vanté, il en savait long.

Il n’oublia rien, disant avec la même franchise ce qu’il avait fait et ce qu’avaient fait les autres.

L’Américain l’écoutait avec l’attention la plus soutenue, évidemment intéressé par ce récit étrange ; bien que son visage demeurait impassible.

Lorsque Fil-en-Quatre arriva à l’épisode se rapportant à M. Blanchet, au long entretien que le Loupeur et lui avaient eu avec cet homme, et le marché qui s’en était suivi, l’Américain laissa subitement tomber son masque d’indifférence pour montrer une vive surprise et une profonde émotion.

Il insista sur certains incidents de cet entretien, qu’il se fit répéter.

Puis il reprit son indifférence pour écouter la suite du récit.

— Est-ce tout ? demanda l’Américain à Fil-en-Quatre, lorsque enfin celui-ci se tut.

— Oui, monsieur, répondit le bandit ; je vous ai parlé avec la plus entière franchise, sans rien ajouter ni retrancher. Vous connaissez maintenant c’t’affaire tout au moins aussi bien que moi.

— C’est bien.

Il y eut un assez long silence.

L’Américain réfléchissait profondément.

Il avait l’air sombre et préoccupé ; parfois ses sourcils se fronçaient à se joindre sous l’effort de la pensée.

Évidemment il cherchait une solution, qu’il ne réussissait pas à trouver.

Quant à Fil-en-Quatre, debout devant lui, il se balançait