Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/282

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j’déteste ça, quand j’reste tout seul, j’m’em… nuie comme un lampion dans une armoire.

— J’arriverai le plus tôt possible. Maintenant, adieu, messieurs, il faut que je m’habille pour sortir. De mon côté, j’ai beaucoup à faire aujourd’hui.

Sebastian et Fil-en-Quatre prirent congé et se retirèrent, reconduits jusqu’à l’antichambre par le Loupeur, qui referma avec soin la porte derrière eux.


XXI

COMMENT LE LOUPEUR REÇUT UNE VISITE À LAQUELLE IL NE S’ATTENDAIT PAS, ET DE QUELLE FAÇON IL QUITTA SON DOMICILE.


Après s’être débarrassé de ses visiteurs, le Loupeur avait repris lentement, et d’un air préoccupé, le chemin de sa chambre à coucher.

En traversant la salle à manger, son regard tomba par hasard sur des comestibles rangés dans un certain ordre sur un buffet.

Le bandit s’arrêta ; un sourire amer plissa ses lèvres, et il serra les poings avec rage, en laissant échapper entre ses dents serrées une malédiction à demi articulée.

M. de Montréal était un viveur émérite. Maintes fois, alors qu’il n’était pas encore un bandit, il avait dû ses plus beaux triomphes, près de certaines femmes, à un souper fin, largement arrosé d’un vin généreux.

Bien qu’il n’eût pas espéré réussir par les mêmes moyens avec la pudique et innocente jeune fille, dont il espérait faire sa proie, cependant, redoutant d’être contraint de séquestrer au moins pendant quelques jours celle dont il avait juré la perte, il avait acheté la veille tous les éléments, non seulement d’un succulent souper, mais encore les vivres nécessaires à l’alimentation de deux personnes pendant au moins quatre jours, temps qu’il avait jugé