Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— C’est bien naturel, dit le Manchot avec son éternel ricanement ; une nuit de noces !

Le Loupeur lança à la dérobée un regard foudroyant sur le misérable.

— Ah !… fit le Mayor, de son air le plus placide ; je vous excuse. Aussi, me doutant de quelque chose comme cela, n’ai-je pas hésité à venir vous voir, au risque de vous troubler dans vos voluptueux ébats.

— Le fait est, cher monsieur le Loupeur, que vous êtes un peu pâle ; vos yeux sont éteints, fit le Manchot en ricanant, vous semblez considérablement… eh ! eh ! comment dirai-je ?…

— Ne dites rien, vous me ferez plaisir, interrompit le bandit d’une voix sourde.

— Hum ! vous avez le bonheur lugubre, cher monsieur ; mais, après tout, c’est votre affaire, dit le Mayor.

— Vous aviez sans doute une raison sérieuse pour me venir ainsi relancer jusque chez moi, monsieur, répondit froidement le Loupeur.

— Oui, et une raison très grave, répondit le Mayor avec hauteur ; quoique je trouve le mot relancer un peu trop vif, de vous à moi.

— Pourquoi donc, s’il vous plaît, monsieur ? Si l’un de nous doit des ménagements à l’autre, ce n’est pas moi, je le suppose, fit-il du ton le plus agressif.

— Passons, dit le Mayor d’un air conciliant ; je ne suis pas venu ici pour vous chercher querelle, monsieur, mais bien pour vous parler de nos affaires.

— Très bien, je suis à vos ordres, parlez, monsieur.

— Voici la chose en deux mots, cher monsieur, reprit le Mayor ; hier, après la réussite de notre audacieux coup de main et nous être séparés, j’ai conduit ma fil… Mlle de Valenfleurs, veux-je dire, chez moi, reprit-il en se mordant les lèvres ; mais elle n’y reste que provisoirement, en attendant que je lui trouve une maison convenable et surtout plus sûre.

— Je ne comprends pas vos dernières paroles, mon-