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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/294

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le Mayor, tout cela est pitoyable ; nous voilà dans un gâchis dont je ne sais comment nous sortirons ! Que faire à présent ? Comment imposer silence à cette misérable femme ?

— Bon ! reprit le Manchot, je vois que vous commencez déjà à perdre la tête. Quant à moi, je ne vois pas qu’il y ait tant à nous préoccuper. Cette drôlesse s’est échappée, très bien ; et puis, après ? Elle s’est sauvée en courant tout droit devant elle, sans plus savoir où elle allait que se souvenir d’où elle sortait ; l’épouvante lui faisait tout oublier ; elle ne pensait probablement qu’à fuir son aimable galant ; elle sera tombée épuisée dans quelque coin, voilà tout ; d’ailleurs, ne connaissant pas Paris, il lui sera impossible, si on l’interroge, de donner les moindres renseignements sur son enlèvement et l’endroit où elle a été conduite ; nous n’avons donc rien à redouter d’elle.

— Je suis de cet avis, dit le Loupeur.

— Hum ! fit le Mayor d’un air peu convaincu.

— Mais, reprit le Manchot en ricanant, si je ne me trompe, l’enlèvement de ces deux péronnelles n’était, il me semble, que la première, et la moins importante partie de notre plan ; n’est-il pas vrai ? eh ! eh ! mes compagnons.

— C’est vrai. Mais, maintenant.

— Rien n’est changé, cher ami ; n’avions-nous pas un double motif en venant chez notre digne associé ? Peut-être l’avez-vous oublié ?

— Nullement.

— Très bien : nous voulions donc d’abord lui emprunter sa maîtresse, mais surtout réclamer son concours pour l’enlèvement de la comtesse de Valenfleurs, et surtout celui de la charmante Denizà, à laquelle, je l’avoue ; je m’intéresse très particulièrement, eh ! eh ! fit-il avec un sourire railleur.

— Parfaitement ; mais, quoi que vous en disiez, à mon avis, après la fuite de l’Américaine, cela me paraît bien difficile, presque impossible même ; à moins d’être des niais, nos ennemis se sont mis sur leurs gardes.