Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/317

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une folie ; à peine commencée, elle serait aussitôt réprimée. N’est-ce pas votre avis ?

— Certes !

— Le Mayor et ses principaux complices s’échapperaient, car ils ne sont pas hommes à se jeter dans la gueule du loup sans se ménager des moyens de retraite ?

— C’est évident.

— Très bien. Laissez-les nous attaquer ; mais changez le champ de bataille, et choisissez-le de telle sorte que les éléments de succès soient tous en votre faveur.

— Certainement, cette idée est bonne ; mieux vaudrait qu’il en fût ainsi. Mais ce champ de bataille, où le prendre ? demanda Julian.

— Il est tout trouvé, monsieur.

— Je ne comprends pas.

— Vous avez acheté, rue de Reuilly, 229, une ancienne petite maison. Le Loupeur le sait, malgré toutes les précautions prises par vous pour que le secret fût gardé.

— Pardieu ! s’écria Julian en se frappant le front, c’est cela ! Je vous remercie, monsieur. La maison peut être habitée d’un moment à l’autre ; il n’y manque rien. Oui, ce sera un admirable champ de bataille.

— Le quartier est isolé, le jardin immense, rempli de retraites mystérieuses : en moins de deux heures, la maison peut être mise à l’abri d’un coup de main.

— Et sans craindre d’être dérangés, nous infligerons à ces drôles le châtiment qu’ils ont si bien mérité ! s’écria Bernard en se frottant les mains.

— Mais il faut vous presser, opérer ce déménagement ce matin même, sinon je ne réponds plus ne rien.

— Pourquoi donc, monsieur ?

— Ce matin, lorsque Fil-en-Quatre m’a révélé que le Loupeur avait connaissance de la maison de la rue de Reuilly, je ne sais par quelle inspiration je lui ai dit : « Surtout n’oubliez pas d’avertir le Loupeur que M. d’Hérigoyen ; craignant que le Mayor essaie d’enlever la comtesse de Valenfleurs, lui a prêté cette maison pour s’y cacher en attendant qu’il ait trouvé les moyens de la met-