Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le docteur, après avoir accepté le fauteuil que la comtesse lui offrait et s’y être confortablement installé, reprit la parole :

— Mon fils, dit-il en souriant, et mon brave ami Bernard ont vertement relevé ce Pascal Bonhomme, l’ancien chef de la police de sûreté, lorsqu’il a voulu prétendre que vous étiez, chère enfant, complice de l’enlèvement de notre chère Vanda, qui nous sera bientôt rendue, je l’espère. Comprenez-vous que ce vieux drôle ose soutenir comme article de foi que dans tous les crimes qui se commettent il y a une femme, et que c’est cette femme que d’abord on doit chercher ? Voilà sur quelle base il établissait ses soupçons sur cette chère enfant. Cela est non-seulement ridicule, mais encore odieux. Décidément, ces policiers sont d’étranges animaux ; ils ont surtout une singulière façon d’envisager l’humanité et particulièrement les femmes !

Les dames et la jeune malade elle-même ne purent s’empêcher de rire à cette bizarre boutade du docteur.

Puis la comtesse, avec ce tact exquis qu’elle possédait, et sans trop appuyer sur certains détails scabreux pour la pudeur inquiète de la jeune fille, raconta alors la scène effroyable dans laquelle la pauvre enfant avait joué un rôle si dramatique.

Denizà et Mariette se récrièrent d’horreur, et elles redoublèrent de caresses et de douces paroles pour la malheureuse enfant, qui non seulement était innocente, mais encore avait failli être la victime d’un infâme attentat de la part d’un misérable.

— Bah ! dit le docteur en riant, tout cela est de l’histoire ancienne pour moi : je connais toute l’affaire sur le bout du doigt.

— Vous la connaissiez ? s’écria la comtesse avec surprise.

— Parfaitement, dans tous ses détails, oui, madame la comtesse.

— Alors, comment se fait-il que vous me l’ayez laissé