Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/329

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Ce fut en ce moment que Julian fut introduit dans l’atelier-boudoir où se tenaient les trois dames.

Julian fut intérieurement satisfait de les rencontrer ensemble.

La négociation qu’il allait entamer en devenait ainsi plus facile.

Après s’être affectueusement informé de l’état dans lequel se trouvait la comtesse, et si elle se ressentait encore des terribles émotions qu’elle avait subies, et que la comtesse l’eut assuré qu’elle n’éprouvait plus qu’une grande fatigue, et que sans la douleur et l’inquiétude poignante causées par son ignorance sur le sort de sa fille elle se considérerait comme complètement guérie, Julian lui demanda avec intérêt des nouvelles de miss Lucy Gordon, dont l’état affreux, quand on l’avait ramenée à l’hôtel, lui avait causé un véritable chagrin.

— Cette chère Lucy est bien maintenant, répondit la comtesse. Chez elle, c’était surtout le moral qui était affecté, certaines paroles qu’elle avait entendues en revenant à elle, et des soupçons maladroitement exprimés sur sa personne quand on la croyait encore évanouie avaient causé tout le mal. Mais, grace à Dieu, maintenant elle sait que jamais la pensée ne m’est venue de l’accuser et qu’au contraire nous savons qu’elle a failli être victime d’un infâme guet-apens. Ces assurances lui ont rendu tout le calme de son esprit ; elle est bien.

— Je suis heureux, madame, de ce que vous m’apprenez ; ni mon père, ni Bernard, ni moi, vous le savez, n’avons jamais voulu admettre que cette jeune fille fût coupable.

— Je le lui ai dit, monsieur, et cette conviction de votre part l’a rendue bien heureuse.

— J’en suis charmé, madame ; mais maintenant ce n’est pas une conviction, mais bien une certitude complète que nous avons tous de son innocence. Une personne qui sort de chez moi m’a révélé ce qui s’est passé, et mes amis et moi nous avons admiré le courage et l’énergie de cette chère enfant dans une situation aussi affreuse. Aussi, je