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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/35

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Felitz Oyandi, moins sûr de lui-même, avait fait tomber sa serviette et s’était penche de façon à cacher son visage en faisant semblant de la ramasser.

— Priez monsieur le vicomte de me faire l’honneur de venir jusqu’ici ; en même temps, servez du punch, dit le Mayor de l’air le plus souriant.

Le garçon rentra presque aussitôt en annonçant avec emphase :

— Monsieur le vicomte de Carlhias.

Un second garçon suivait, portant un immense bol de punch, qu’il posa sur la table, avec des verres.

— Soyez le bienvenu, vicomte, dit le Mayor, en tendant la main de la façon la plus aimable au nouvel arrivant ; vous êtes d’une exactitude qui me charme, asseyez-vous là en face de moi, nous avons à causer tout en goûtant à ce punch, dont, je l’espère, vous ne refuserez pas d’accepter un verre. Eh bien, quoi de nouveau !

Et d’un geste de la main, il ordonna aux garçons de sortir ; ce que ceux-ci firent aussitôt.

Dès que la porte fut refermée, le Mayor éclata de rire.

— Pardieu ! c’est affaire à vous, mon cher Caboulot, dit-il, sur l’honneur ! je ne vous aurais pas reconnu, vous être admirablement déguisé.

— Eh quoi ! s’écria avec surprise Felitz Oyundi, qui commençait à reprendre son sang-froid, c’est là Caboulot ? Un tel changement est incroyable !

— Je vous remercie, mon maître, répondit celui-ci en saluant avec une nuance d’ironie ; c’est bien de l’honneur que vous me faites.

En effet, la chenille était devenue papillon, la métamorphose était complète : rien ne restait du bandit vulgaire et du rôdeur de barrières.

Il n’y avait là en ce moment qu’un homme jeune encore, vêtu avec goût, portant bien ses vêtements d’occasion et ayant des manières exquises.

— Venons au fait, dit le Mayor ; avons-nous quelque chose de nouveau ?

— Peut-on parler ? dit Caboulot en mettant de côté ses