Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/362

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Il ne comprenait rien à l’inaction des bandits, le succès de leur surprise dépendant surtout de la rapidité de leur attaque. Il ignorait que cette inaction apparente et incompréhensible était causée par la longue altercation du Mayor avec la comtesse.

Mais, sans perdre de temps à chercher le mot de cette énigme, le coureur des bois donna le signal de la marche en avant.

Les quatre détachements disparurent aussitôt sous bois.

Bernard et ses compagnons étaient beaucoup plus rapprochés du kiosque que ne l’imaginait le Mayor, qui se supposait déjà maître de la situation, lorsque la comtesse, saisie par Fil-en-Quatre, qui n’avait obéi qu’a contre-cœur à l’ordre péremptoire de son chef, avait crié au secours et à l’assassin.

On sait le reste, et comment le Mayor, au lieu du succès sur lequel il comptait, avait cette fois encore subi un échec et s’était échappé a grand peine, avec deux blessures, peu graves à la vérité, mais suffisantes pour l’empêcher de recommencer l’attaque.

Madame de Valenfleurs n’avait pas tardé à reprendre connaissance, grâce aux soins empressés de don Cristoval ; et, se sentant assez forte pour marcher, car c’était une noble et vaillante nature, elle avait accepté le bras de l’haciendero, et tous deux s’avançaient doucement, en causant des événements affreux dont le parc avait été si inopinément le sanglant théâtre.

Tout à coup, au moment où Bernard et ses amis n’étaient plus qu’à quelques pas des bâtiments, deux détonations se firent entendre coup sur coup, mêlées à des cris de terreur poussés par des femmes et dominés par les aboiements furieux d’un chien.

— Mon Dieu ! s’écria la comtesse toute tremblante, que se passe-t-il donc encore ?

— Je reconnais la voix de Dardar ! s’écria Bernard en s’élançant à travers les montées.