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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/64

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et leur reprenant les billets de banque que, quelques instants auparavant, il leur avait si généreusement distribués.

Que le lecteur ne se trompe pas sur le but de ces vols odieux.

Le Mayor, en reprenant cet argent donné par lui à ses complices, n’agissait pas avec le désir de s’emparer de quelques milliers de francs ; il ne s’en souciait pas le moins du monde.

Mais le sinistre bandit n’oubliait rien.

Ces sommes, relativement considérables, trouvées sur ces misérables pouvaient plus tard être des indices compromettants pour lui, et en homme prudent il ne voulait rien laisser au hasard.

Le dernier qu’il fouilla fut Caboulot : celui-ci avait reçu la plus grande part des largesses du Mayor. Il retourna ses poches ; puis il laissa près de lui ses revolvers et murmura avec ironie, et se relevant :

— À quoi lui ont servi ces armes, dont il espérait sans doute, l’affaire terminée, se servir contre moi ? Pauvre sot !

Et il repoussa dédaigneusement le cadavre du pied.

Il replaça, après les avoir comptés, les billets dans son portefeuille, qu’il remit tranquillement dans la poche de son habit.

Alors, un sourire terrible plissa ses lèvres ; une flamme sinistre illumina son regard, et marchant droit à l’ancien matelot :

— À nous deux, maintenant, ami Sebastian, lui dit-il amèrement.

— Tuez-moi, répondit l’ancien matelot, avec une froide résolution ; tuez-moi, puisque cette fois encore vous m’avez vaincu !

— Bah ! rien ne presse, répondit le Mayor, en ricanant, j’ai encore une demi-heure devant moi, causons un peu.

— Je n’ai rien à vous dire, fit-il en détournant la tête.

— C’est possible, mais j’ai à te parler, moi ; pourquoi m’as-tu trahi ?