Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/97

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à Paris, appelés d’urgence pour soutenir les efforts du gouvernement, et s’en donnaient à cœur joie, à peu près certains qu’ils étaient de l’impunité.

Les attentats contre les particuliers et les propriétés se multipliaient avec une rapidité incroyable, sans que la police semblait s’en préoccuper le moins du monde.

En effet, que lui importait ! Ne devait-elle pas, avant tout, sauvegarder le gouvernement, le défendre contre les ennemis qui le pressaient de toutes parts ?

Qu’importaient les voleurs, les assassins, et même les incendiaires, malgré les maux qu’ils causaient, comparés à ceux, bien autrement graves, dont les républicains menaçaient l’Empire.

Aussi, toutes les forces réunies de la police étaient-elles à peine suffisantes pour déjouer les complots imaginaires que le gouvernement de l’Empire accusait journellement les partisans de la République de tramer contre lui.

Nos personnages se trouvaient très embarrassés au milieu de tous ces conflits politiques ; car ils prévoyaient le choc imminent de tous ces intérêts contraires, si longtemps maintenus par la poigne brutale des fonctionnaires impériaux.

MM. d’Hérigoyen, Bernard Zumeta, Armand de Valenfleurs et don Cristoval de Cardenas avaient même discuté, à plusieurs reprises, la question de savoir s’ils quitteraient Paris et la France, pour se mettre a l’abri de l’effroyable catastrophe qu’ils pressentaient.

Mais Julian et Bernard avaient tenu bon, pour ne pas abandonner la patrie pendant la tourmente prochaine ainsi que les devoirs que leur imposait leur dévouement au pays.

Leur avis avait enfin prévalu, et leurs amis s’y étaient rangés définitivement.

Julian avait des intérêts trop graves en jeu pour renoncer ainsi à la lutte engagée entre lui et le Mayor.

Il prévoyait que celui-ci profiterait de l’anarchie qui commençait à jeter le désarroi dans les hautes régions