Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/99

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temps prises en prévision de cette éventualité, en finirait cette fois avec lui.

Il fallait veiller et surtout attendre la première attaque du Mayor, afin de deviner son plan pour le faire échouer.

La comtesse, à bout de forces, bien plus que convaincue, avait fini par céder aux raisonnements de ses amis et à souscrire aux demandes qu’ils lui adressaient.

Mais son bonheur était détruit…

Elle n’envisageait plus l’avenir qu’avec une secrète terreur. Tout l’épouvantait, jusqu’au calme et au silence qui régnaient autour d’elle.

Car elle comprenait que ce calme et ce silence étaient trompeurs, et que ce n’était, en réalité, que l’accalmie qui précède l’orage, et que la tempête ne tarderait pas à se déchaîner, furieuse et peut-être irrésistible !

Telle était la situation dans laquelle se trouvaient nos personnages, lorsqu’un soir des derniers jours du mois de juin, le lendemain précisément du jour où nous avons rencontré Fil-en-Quatre attendant son ami le Loupeur, avec lequel il avait rendez-vous au tapis-franc de la Marlouze, Bernard Zumeta, — qui laissait volontiers ses chevaux à l’écurie pour faire ses courses et ses visites à pied, car en véritable compatriote d’Henri IV qu’il était, il préférait marcher à se faire traîner dans une voiture, — émergea de la rue Boulard, située, comme chacun sait, dans le quatorzième arrondissement, obliqua à droite, franchit d’un pas rapide la place du Marché de Montrouge, traversa la Chaussée du Maine, et s’engagea sans hésiter dans une rue nouvellement percée par les démolisseurs de M. le baron Haussmann, non pavée encore, mais à l’angle de laquelle était clouée une plaque indicatrice, sur laquelle, s’il avait fait jour, on aurait pu lire ces mots : rue du Chemin-des-Plantes, écrits ou plutôt imprimés en lettres blanches sur fond bleu.

Cette rue, récemment percée, ainsi que nous l’avons dit, sur une centaine de mètres au plus, et aboutissant à la rue Bénard, commençait à gauche par une maison en construction faisant l’angle de la chaussée du Maine.