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LES RODEURS DE FRONTIÈRES


XII

CONVERSATION.


Cependant le premier moment de terreur qui avait poussé les trois hommes en arrière à l’apparition du Jaguar s’était peu à peu dissipé ; l’effronterie, sinon le courage, leur était revenue devant l’allure inoffensive de l’homme qu’ils étaient depuis longtemps habitués à redouter.

Ruperto, le plus mauvais drôle de la bande, avait le premier repris son sang-froid, et réfléchissant que celui qui leur avait causé une si grande frayeur était seul et que, par conséquent, il ne pouvait avoir la force de son côté, il s’avança résolument vers lui.

— Rayo de dios ! dit-il d’une voix brutale, laissez cette mijaurée, elle a mérité non-seulement ce qui lui arrive, mais encore le châtiment que nous allons lui infliger à l’instant.

Le jeune homme se redressa comme si un serpent l’avait piqué, et dardant par-dessus son épaule un regard tout chargé de menace sur son interlocuteur :

— Hein ! dit-il, est-ce à moi que vous parlez ainsi ?

— À qui donc, reprit l’autre avec insolence, bien qu’il fût intérieurement inquiet de la façon dont son interpellation avait été prise ?

— Ah ! fit seulement le Jaguar, et, sans ajouter