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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Heim ! que voulez-vous dire ?

— Ma réponse cependant est bien claire.

— Pourtant je ne la comprends pas.

— En deux mots je vous l’expliquerai.

— Parlez.

— Placés tous deux dans des positions diamétralement opposées, le hasard s’est plu aujourd’hui à nous réunir ; si maintenant nous nous quittons, nous n’emporterons avec nous aucun sentiment de haine de notre rencontre, puisque ni vous ni moi n’aurons eu à nous plaindre l’un de l’autre, et que probablement nous ne nous reverrons jamais.

— Hum ! pourtant il est évident que lorsque mes soldats vous ont rencontrés, vous attendiez quelqu’un sur cette route.

— Qui vous fait supposer cela ?

— Dame ! vous êtes chasseurs, m’avez-vous dit : je ne vois pas le gibier que vous pouviez chasser sur le bord de cette route.

Le prisonnier se mit à rire.

— Qui sait ! reprit-il en appuyant avec intention sur ses paroles, un gibier peut-être plus précieux que vous ne le supposez et dont vous voudriez avoir votre part.

Le moine fit un léger mouvement, et ouvrit les yeux comme s’il se réveillait.

— Tiens, dit-il en s’adressant au capitaine et en étouffant un bâillement, vous ne dormez pas, señor don Juan ?

— Pas encore, répondit celui-ci, j’interroge les deux hommes que mon avant-garde a arrêtés il y a quelques heures.

— Ah ! fit le moine en jetant un regard dédai-